Une belle journée d’août

C’est une chaude et pesante journée en ce premier samedi du mois d’août, le soleil darde ses rayons impitoyables. Dans la ville, la foule va et vient en silence, sans agitation ni enthousiasme. Depuis seize heures, on entend partout les cloches sonner le tocsin. La triste nouvelle se répand de contrée en contrée jusque tard dans la nuit. Sur les route blanchies par la poussière, les gendarmes à cheval vont prévenir les maires des villages environnants.

Suivi par une troupe de gamins, le garde champêtre en bras de chemise lit la proclamation. Sur la place de la Mairie, tous se pressent subitement. L’affiche au drapeau national suscite stupeur et incrédulité. Les hommes prennent un air grave et les femmes laissent échapper quelques sanglots.

à l’ombre des tilleuls
roulements de tambours –
astre rougeoyant

Bien vite l’heure du départ arrive. Certains montrent déjà leur détermination, et l’enthousiasme s’accroît, aux cris de « la patrie est en danger ! ». Il nous faut quitter nos parents, nos frères, nos familles et nos amis pour aller répondre à l’appel. Les quais de la gare sont noirs de monde, tout le village est rassemblé pour nous dire au revoir. Nous montons dans des wagons à bestiaux. Dans nos musettes, quelques victuailles nous rappellent la maison : jambon et saucisson de ménage voisinent avec le litre de vin rouge. Dans un choc violent, le convoi s’ébranle. Sur le quai, les derniers mouchoirs s’agitent. Bientôt cris et signes d’adieux s’estompent, on n’entend plus que le grincement des roues du train.  Lire la suite

tout premiers frimas – primele brume

tout premiers frimas –
la cloche au matin.
ne sonne plus que le glas

primele brume –
in zori doar clopotele
pentru răposaţi

Nicole Pottier

*

Mention honorable – Concours de la revue Haiku, Bucarest 2012.
Menţiune de onoare pentru Haiku în formă fixă
la concursul organizat de revista Haiku, 2012

Publié dans la revue « Albatros »
Publicat în revista « Albatros », Constanţa.